Hans Timmerman : « Dans les années 1990, le terme ‘durabilité’ n’existait pas encore et les gens regardaient surtout à quel point une entreprise était ‘verte’. Mais aujourd’hui, la durabilité ne se limite pas à l’approche écologique d’une entreprise ; nous prenons également en compte la politique sociale et éthique de l’organisation et la manière dont celle-ci est gérée : la corporate governance.
Sur le plan social et éthique, nous voulons savoir comment l’entreprise traite ses employés, s’il existe une liberté syndicale et une égalité des chances sur le lieu de travail ? L’entreprise n’a-t-elle pas recours au travail des enfants ? Et qu’en est-il de la santé et de la sécurité de ses employés, etc. Sur le plan de la corporate governance, une entreprise est-elle gérée de manière correcte et vertueuse ? Quelles sont les procédures de contrôle utilisées par l’organisation, comment les décisions sont-elles prises, quelles sont les mesures adoptées pour prévenir la fraude, etc.
Le respect de ces trois facettes se voit attribuer un score dit ESG. Un score sur lequel nous nous appuyons pour sélectionner les entreprises durables. Si une entreprise est durable, nous l’incluons dans notre ‘univers’. Il s’agit d’une liste de 5 000 entreprises durables différentes. Ces sociétés correspondent également à notre stratégie d’investissement : dans quels secteurs voulons-nous investir au niveau mondial ? »
« Nous prenons en compte de nombreux aspects et allons beaucoup plus loin dans notre analyse qu’un simple regard au site web d’une entreprise. Nous tenons notre liste à jour en travaillant en partenariat avec un fournisseur de données externe et indépendant, Sustainalytics. C’est le leader mondial du screening ESG. Ils évaluent dans le monde entier quelque 13 000 entreprises au regard de leurs performances ESG. Il s’agit d’une énorme quantité de données, assez détaillées. En tant qu’investisseur privé, vous ne pouvez pas vérifier cette information par vous-même.
Nous effectuons tout d’abord un screening négatif pour ces 13 000 entreprises. Cela signifie que nous excluons d’emblée les entreprises dont les produits ou services ne contribuent pas à un monde meilleur. Il s’agit d’entreprises actives dans le commerce des armes et des combustibles fossiles. Les entreprises sont également exclues si plus de 10 % de leur chiffre d’affaires provient du commerce d’énergies controversées, du tabac, des jeux d’argent, du commerce des fourrures, du divertissement pour adultes, etc. Nous excluons également immédiatement les entreprises qui violent les droits de l’homme et du travail. »
« Une fois ce screening négatif effectué, nous sélectionnons les 50 % d’entreprises ayant les meilleurs scores ESG, celles que l’on appelle les ‘best in class’, les meilleurs de leur catégorie. Les quelque 5 500 entreprises restantes sont réparties dans les différents secteurs sur lesquels nous souhaitons nous concentrer en fonction de notre stratégie d’investissement.
Dans une troisième phase, nous affinons nos portefeuilles durables en fonction des six thèmes de durabilité d’ABN AMRO. Six thèmes qui contribuent à un monde meilleur : efficience, environnement et climat, déchets et recyclage, eau, sécurité et santé. Une entreprise comme Geberit, par exemple, qui s’engage en faveur des équipements sanitaires économiques, en fait partie. Pour chaque thème, nous sélectionnons un certain nombre d’entreprises qui répondent à ces critères. Notre objectif est d’investir au moins 20 % de nos portefeuilles durables dans ces six thèmes.
Enfin, nous créons un portefeuille composé d’actions d’entreprises durables qui obtiennent également de bons résultats financiers, de sorte que rendement et durabilité coïncident. Depuis 20 ans, notre objectif est de dégager au moins le même rendement avec un portefeuille ‘durable’ qu’avec un portefeuille ‘classique’. De cette manière, le client bénéficie gratuitement d’une dose supplémentaire de durabilité et de tranquillité d’esprit. Nous contribuons ainsi à un monde plus durable. Résultat, tout le monde y gagne. »
Un nom surprenant dans nos portefeuilles durables est peut-être celui de Michelin. L’entreprise s’est engagée, entre autres, dans une approche durable pour développer des pneus sûrs qui permettent de réduire la consommation. Les pneus Michelin sont également plus durables car ils emploient du carbone et du caoutchouc naturel provenant de vieux pneus. Michelin utilise également dans sa production des matériaux tels que l’acier recyclé des canettes en aluminium, des pelures d’orange et de citron, etc. L’objectif est de faire en sorte que 40 % des matériaux de ses pneus soient durables d’ici 2030. D’ici 2050, ce ratio devrait être de 100 %.
Un autre nom surprenant est celui de Procter & Gamble. Cette entreprise obtient un score élevé en matière de corporate governance et est pleinement engagée dans le développement de produits durables : déjà 30 % de sa gamme sont durables, elle n’utilise que de l’huile de palme certifiée, les emballages sont de plus en plus constitués de plastique recyclable...
Une action surprenante qui ne fait pas partie de notre portefeuille est Tesla. Tesla obtient de bons résultats sur le plan écologique, mais de mauvais sur le plan social et de la bonne gouvernance. »
Dans ce cas, procédez ici à notre analyse de durabilité .
Vous recevrez un score de durabilité par action ou par fonds, comparé à l’indice de référence par secteur.