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"La nouvelle législation CSRD offre une excellente occasion d’engager la discussion avec les clients"

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Pour les entrepreneurs, la transition est une priorité. En effet, pour rester performants, ils n’ont pas d’autre choix que d’adapter continuellement leur entreprise à un monde en rapide évolution. Mais les chefs d’entreprise sont confrontés à de nombreux défis : la transition énergétique, une vague de numérisation et une nouvelle approche en matière de transport et de logistique. C’est ce dernier point que nous avons abordé avec Bart Banning, expert du secteur Transport et logistique chez ABN AMRO. Il nous explique l’importance d’avoir une vision à long terme et de rester bien informé.

Bart, le secteur de la logistique est le poumon de la société. Quelle évolution avez-vous constatée ces dernières années ?

C’est vrai. Les entreprises du secteur du transport et de la logistique font tourner le monde, au sens propre du terme. Lorsque la pandémie de coronavirus a sévi en 2020, nous nous sommes soudainement retrouvés dans une situation sans précédent. Les navires ne pouvaient plus appareiller, les ports d’Anvers, de Zeebrugge, de Rotterdam, pour ne citer qu’eux, n’étaient pas réapprovisionnés en conteneurs. Le monde s’est littéralement arrêté. Et lorsque le secteur logistique s’arrête, c’est toute l’engrenage qui se grippe. C’est ce genre d’événement qui permet de se rendre compte de l’importance cruciale du transport et de la logistique.

Le secteur en a-t-il beaucoup souffert ?

Sans surprise, l’impact sur le secteur a été tout de suite très important et très visible. Pourtant, le secteur a fait preuve d’une incroyable résilience. Les deux premiers mois, tout s’est littéralement arrêté. Mais ensuite, les choses se sont rapidement remises en route, et après la période d’arrêt, il y a bien sûr eu une période de récupération ô combien nécessaire. Le commerce mondial a connu une croissance extraordinaire et le secteur de la logistique a été en mesure de l’absorber. On constate un vrai regain d’appréciation pour ce secteur, qui a montré qu’il pouvait faire face à une telle situation. Cependant, je pense que les vrais défis se poseront dans les mois à venir.

Quels sont, selon vous, ces défis ?

Avant, le transport et la logistique signifiaient le déplacement physique d’un produit d’un endroit à un autre. Aujourd’hui, cette notion est bien plus large. La numérisation a un impact majeur sur les processus logistiques. Elle offre aux entreprises de nouvelles possibilités en matière d’optimisation des processus et de prise de décisions stratégiques sur la base de données. En raison de la transition énergétique, les entreprises doivent trouver des solutions pour réduire les émissions de CO₂ des véhicules alimentés par des combustibles fossiles. En effet, à moyen terme, celles-ci devront passer à des systèmes à zéro émission et à des véhicules électriques, ce qui implique un grand changement. Sachant que seuls 79 camions tout électriques ont été vendus en Belgique au premier semestre 2023 sur un total de 4 800 camions*, force est de constater que la route est encore longue.

Comment s’atteler à une tâche d’une telle ampleur ?

En réalité, il importe surtout d’avoir une vision stratégique et un plan mûrement réfléchi. Et ce n’est pas si évident. La plupart des entrepreneurs actifs dans le secteur des transports pensent de façon opérationnelle. Comment servir mes clients le plus rapidement possible tout en restant flexible ? Désormais, ils doivent penser à moyen terme : les 3 à 5 prochaines années se révéleront cruciales. Dans quoi faut-il investir ? Quelles sont les attentes potentielles de mes clients ? Comment vais-je contribuer à la durabilité en tant que simple élément d’une chaîne logistique ? Comment vais-je impliquer mes clients ?

Faut-il changer radicalement notre façon de penser ?

Absolument. Dans le secteur du transport, on parle souvent de petites marges bénéficiaires. Il faut toujours aller plus vite et réduire les coûts. Cela nous empêche d’exploiter le plein potentiel du secteur. Le véritable changement n’intervient que lorsque nous récoltons les fruits de notre investissement et d’une coopération au sein de la chaîne. Pour la pérennité de la chaîne, nous devons dès lors rechercher la plus grande valeur ajoutée, ce qui nécessite un investissement en temps, en argent et des idées innovantes.

“Ne cherchez pas les coûts les plus bas, mais la plus grande valeur ajoutée.”

Bart Banning

Expert Transport et logistique chez ABN AMRO

Pour quelles raisons les entreprises peuvent-elles se tourner vers ABN AMRO ?

En fin de compte, notre travail consiste à poser les bonnes questions à partir d’une position critique, mais constructive. Ainsi, nous pouvons tout schématiser et mettre en évidence les points problématiques. Nous aidons dès lors les entreprises à réfléchir au plan qu’elles doivent mettre en place, mais nous ne l’élaborons pas complètement pour elles. C’est à l’entrepreneur lui-même de le faire. En tant que société de logistique, il est bien sûr toujours important de bien s’adapter aux profils et souhaits de ses clients, afin de prendre des décisions stratégiques et de travailler le plus efficacement possible. La transition énergétique en est un parfait exemple. Elle nécessite une approche stratégique de la gestion de flotte. Dans quelle mesure et quand allez-vous passer à l’électrique ? Et comment allez-vous organiser l’approvisionnement en énergie ? Certaines sociétés de logistique installent leurs propres stations de recharge et désignent un « responsable énergie ». Mais tout dépend des besoins de l’entreprise. Il n’existe pas de solution unique. Notre objectif est d’aider les entreprises à se développer de façon pérenne, au sens le plus large du terme.

Vous parlez de l’expertise offerte par le secteur. Comment pouvons-nous en profiter ?

Chez ABN AMRO, nous disposons d’une grande expertise sectorielle. Nous publions des rapports sur les thématiques qui intéressent nos clients, nous discutons avec eux de ces questions, nous prenons la parole lors d’événements et nous conseillons nos collègues internes sur l’élaboration de nos politiques. En tant qu’institution financière, nous avons une grande responsabilité dans le succès de la transition. En collaborant avec les entreprises et en comprenant leurs activités, nous pouvons vraiment faire la différence.

Le podcast parle également des petites entreprises. Elles auront plus de mal à supporter ces gros investissements. Que leur conseillez-vous ?

Je leur dirais surtout de ne pas laisser passer le train ! C’est maintenant qu’il faut prendre des mesures et définir votre stratégie pour assurer l’avenir de votre entreprise. Si vous n’investissez pas maintenant, vous coulerez prochainement. Outre votre propre volonté de devenir plus durable, les réglementations se multiplient. Pensez à la directive sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD) qui est sur le point d’être adoptée. Il s’agit d’une réglementation internationale qui découle du Pacte vert et qui rend compte de la manière dont les entreprises abordent les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Sur le plan environnemental, elle oblige les sociétés d’expédition et de logistique de la chaîne à rendre compte de leurs émissions de CO₂. Plus précisément, ces rapports se divisent en émissions de Scope 1, 2 et 3. Pour les entreprises de logistique, il est important de savoir que les émissions de Scope 3 d’un client sont causées par les émissions de ses fournisseurs, notamment par les activités logistiques. Les entreprises de logistique seront dès lors invitées par leurs clients à fournir un rapport sur leurs émissions de CO₂ et à contribuer à l’élaboration d’une stratégie de réduction des émissions pour les années à venir. Concrètement, les entreprises de logistique devront également adapter leur stratégie en la matière afin de répondre à l’évolution des besoins de leurs clients.

Un défi de taille…

On peut le voir comme ça. On peut également le voir comme une menace. Mais il s’agira également d’un outil formidable pour les entreprises de logistique (petites et grandes) qui prendront cette initiative et chercheront à coopérer avec leurs clients. Il fournit simplement un cadre permettant l’élaboration et la mise en œuvre des processus axés sur la durabilité avec les clients. 

Mais je suis bien sûr conscient que les chefs d’entreprise ont beaucoup de pain sur leur planche et ne peuvent pas tout faire eux-mêmes. C’est pourquoi je leur conseille également de se tourner vers des experts. Qu’il s’agisse de votre comptable, de votre organisation professionnelle ou de votre banque, demandez de l’aide à ceux qui possèdent les connaissances nécessaires. En Belgique, par exemple, il y a la FEBETRA (Fédération belge des transporteurs et des prestataires de services logistiques). Elle possède beaucoup de connaissances et d’expertise. Une attention particulière est accordée aux petites entreprises. Elles doivent elles aussi s’engager dans les transitions, mais manquent souvent de moyens. Pour assurer la pérennité du secteur, nous aurons toujours grandement besoin de ces petites entreprises. Elles forment souvent le pendant plus souple des grandes et moyennes entreprises du transport dans le monde. Nous devons dès lors les aider du mieux que nous pouvons.

Êtes-vous optimiste quant à l’avenir du transport et de la logistique ?

Je suis très optimiste. Le secteur de la logistique joue un rôle important dans la société et pour les entreprises d’autres secteurs. Nous constatons actuellement que les entreprises souhaitent de plus en plus travailler sur leur durabilité, car elles sont vraiment motivées pour le faire. Et pas seulement pour se conformer aux réglementations, ce qui représente une évolution importante ! Cela se traduit également sur le marché du travail : la jeune génération préfère travailler pour des entreprises qui s’engagent vraiment dans cette voie. Mais là encore, tout commence pour une vision et une stratégie.

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