Update Obligations : Les marchés obligataires deviennent-ils moins sensibles à la politique ?

La semaine dernière, le président américain Donald Trump a menacé l’Europe d’imposer des barrières tarifaires de 50 % à partir du 1er juin. Contre toute attente, Trump a ensuite reporté la potentielle hausse de tarifs douaniers au 9 juillet après une discussion avec Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Malgré les incertitudes générées par la guerre commerciale et les annonces soudaines de tarifs douaniers, l’impact sur les bons du Trésor américain a été limité. Les bons du Trésor américain à 10 ans sont restés stables aux alentours de 4,45 %.
Entre-temps, le rendement du Bund allemand à 10 ans, qui est considéré comme la valeur refuge européenne, a affiché une baisse d’environ 10 points de base (pb) pour atterrir à 2,53 %. Du côté du marché obligataire d’entreprise, les spreads européens de la catégorie « investment grade » ont fait preuve de résilience dans un contexte de volatilité. Ils se sont stabilisés aux alentours de 103 pb par rapport au Bund, ce qui représente une baisse par rapport aux 130 pb d’avril, lorsque les tarifs douaniers ont été annoncés pour la première fois. Le marché américain de la catégorie « investment grade » a également reflété cette tendance, s’établissant à 91 pb par rapport aux bons du Trésor américain, un niveau considérablement plus faible que les 119 pb observés après le « Liberation Day ». Dans les deux cas, les spreads sont restés inférieurs aux moyennes historiques et proches des moyennes annuelles.
Les obligations du haut rendement ont affiché plus de sensibilité aux dernières annonces de Trump et aux menaces économiques qui en découlent. Les fluctuations n’ont cependant pas été fondamentalement significatives. Les spreads du haut rendement européen se sont élargis légèrement pour s’établir à 332 pb, un niveau qui reste considérablement plus faible que le pic d’avril de 434 pb. De la même manière, les spreads du haut rendement américain se sont appréciés à 330 pb, un niveau largement inférieur au pic d’avril de 450 pb. À l’instar des obligations de la catégorie « investment grade », ces spreads sont inférieurs aux moyennes historiques.
Alors que le rendement global d’une obligation d’entreprise peut sembler intéressant, la prudence est de mise en raison des effets potentiels de l’incertitude liée à la guerre commerciale. Nous affichons une préférence pour les obligations d’entreprise de bonne qualité et les obligations titrisées. Celles-ci devraient bénéficier des faibles prévisions de croissance de l’Europe dans un environnement marqué par l’incertitude et la volatilité.
Étant donné que la guerre commerciale a continué d’exercer une influence sur les marchés cette semaine, les investisseurs sont particulièrement attentifs aux indicateurs économiques clés des États-Unis. Ceux-ci comprennent notamment l’indice de confiance des consommateurs du Conference Board de mai, la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale et l’indice des prix PCE d’avril.
Enfin dans les semaines à venir, les investisseurs suivront de près l’évolution de la « big, beautiful tax bill », un plan de réduction d’impôts de plusieurs milliers de milliards de dollars, qui est sur le point d’être adopté. Cette loi fiscale pourrait jouer en faveur de la croissance économique américaine lors de la deuxième partie de l’année. Elle est toutefois également susceptible d’alourdir encore plus la dette fédérale et de mettre de la pression sur les bons du Trésor américain sur le long terme.