Update Obligations : L’incertitude en France pèse sur les marchés

Les risques politiques sont à l’origine d’une certaine nervosité du marché en Europe depuis la semaine dernière. Après les élections européennes, le président français Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale du pays et a appelé à des élections nationales anticipées. Les marchés ont réagi avec nervosité. Les spreads entre les rendements obligataires des gouvernements français et allemand se sont élargis.
Après la décision de Macron, les rendements des obligations d’État françaises à 10 ans ont dépassé les 3,2 %, le niveau le plus élevé depuis novembre de l’année dernière. Le spread entre ces rendements obligataires français et les rendements des Bunds allemands à 10 ans a même atteint son niveau le plus élevé depuis 2017. C’était l’année où les marchés ont commencé à envisager un « Frexit » en raison de la popularité de Marine Le Pen. Un Frexit n’est pas à l’ordre du jour actuellement. Mais les investisseurs s’inquiètent des programmes de dépenses publiques coûteux du parti de Le Pen, alors que la dette publique française dépasse déjà 110 % du PIB.
Les rendements des obligations d’État françaises approchent maintenant les niveaux des obligations d’État espagnoles. L’Espagne affiche une note de crédit plus faible que la France, mais les rendements des obligations d’État espagnoles à 10 ans ne sont que 10 points de base plus élevés que ceux des obligations d’État françaises pour la même maturité. Le mois dernier, l’agence de notation S&P a dégradé la note de crédit de la France de AA à AA-, soulignant que le déficit budgétaire de la deuxième plus grande économie en Europe était significativement plus élevé que prévu, et qu’il resterait élevé. Mercredi, la Commission européenne a réprimandé la France, de même que six autres pays, pour avoir violé les règles budgétaires de l’UE. L’Espagne a échappé à cet avertissement, même si elle a également dépassé la limite de déficit budgétaire de 3 %.
Les spreads des obligations d’État françaises n’ont pas été les seuls à s’élargir dernièrement. Les spreads entre les rendements des obligations d’État allemandes et les rendements des obligations émises par d’autres pays européens, comme l’Italie et la Belgique, se sont également écartés au cours des deux dernières semaines. La nervosité a également affecté les spreads des obligations d’entreprise, même si l’impact est resté limité d’un point de vue historique. Les premières victimes ont été les banques françaises, qui détiennent un montant considérable d’obligations d’État européennes dans leurs portefeuilles, même si d’autres entreprises européennes ont également été affectées par l’élargissement du spread.
En 2022, la BCE a lancé son « Instrument de protection de la transmission » (IPT) pour limiter les turbulences sur le marché des obligations d’État. Si les choses dérapent, la BCE peut acheter des obligations d’État pour faire baisser les rendements. Cet instrument n’a pas encore été utilisé pour le moment et son existence est probablement suffisante pour empêcher les spreads de s’élargir trop fortement.
Au cours des semaines à venir, les marchés obligataires afficheront probablement une volatilité élevée à cause de l’incertitude politique. Les investisseurs pourraient anticiper des risques supplémentaires pour certaines obligations. Au cours des mois à venir, nous prévoyons que les banques centrales adopteront des baisses de taux. Dans un tel environnement, nous privilégions les obligations de bonne qualité, comme les obligations d’État et les obligations d’entreprise de la catégorie « investment grade ».