Update Obligations : Risques pour les maturités plus longues

Les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans ont poursuivi leur chute ce mois-ci, clôturant à 4 %, un niveau bien en dessous des 4,3 % du début de l’année (lorsque les rendements obligataires baissent, les prix des obligations grimpent). Les rendements européens ont également reculé ce mois-ci, mais dans une moindre mesure. Les rendements des Bunds à dix ans sont considérablement plus élevés que les 2,35 % du début de l’année.
La plupart des investisseurs prévoyaient une hausse des rendements américains et une chute des rendements européens cette année, alors que le contraire s’est produit. La roue commence à tourner. La pression s’intensifie sur la banque centrale américaine pour commencer les baisses de taux cette semaine. Entre-temps, lors de la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) cette semaine, les décideurs ont confirmé qu’ils en ont fini avec les baisses de taux pour le moment, alors que l’inflation semble sous contrôle.
La BCE s’inquiète probablement plus de la situation politique et budgétaire en France, où un nouveau Premier ministre a dû être nommé cette semaine dans une tentative désespérée de créer un budget politiquement acceptable en mesure de convaincre l’Europe et les investisseurs que les finances publiques sont sur la bonne voie.
Les marchés restent relativement calmes, car des élections peuvent encore être évitées dans un avenir proche, même si des décisions difficiles devront être prises à un moment ou un autre. Alors que la France a toujours été « too big to fail or to save » d’un point de vue économique, son rôle essentiel dans la sécurité nucléaire de l’Europe la rend encore plus essentielle pour la survie de l’Europe. En fin de compte, la BCE et l’Europe devront faire « whatever it takes » pour sauver la France et l’euro, ce qui inclut l’émission d’euro-obligations.
La pression politique s’intensifie encore plus rapidement et directement sur la Réserve fédérale américaine que sur la BCE. L’activité américaine ralentit, alors que les chiffres d’inflation de cette semaine ont été plus modérés que ce que les investisseurs craignaient à la suite de l’adoption des barrières tarifaires. Le président Donald Trump a doublé ses efforts pour renforcer son contrôle sur la banque centrale, notamment par le biais de la nomination de plusieurs gouverneurs régionaux de la Fed au début de l’année prochaine. La première baisse de taux aura probablement lieu la semaine prochaine, mais un changement durable de politique vers une attitude plus conciliante est dorénavant attendu pour 2026, dans un contexte où l’indépendance de la Fed est de plus en plus remise en question.
Les banques centrales seront peut-être enclines ou forcées à maintenir les taux à des niveaux plus faibles que d’habitude au cours des prochaines années, ce qui devrait fixer les rendements des obligations à court terme. Cependant, les inquiétudes croissantes à propos de l’inflation sur le long terme et de la soutenabilité de la dette publique feront probablement grimper la prime de risque pour les obligations sur le long terme. Entre-temps, les fonds de pension néerlandais vendent des parts importantes d’obligations à maturité très longue dans le cadre du déploiement d’un nouveau système de pension. Les courbes de rendement se sont déjà raidies cette année, mais ce n’est peut-être que le début.