Javascript is required Update Obligations : Qui oriente les marchés obligataires ? - ABN AMRO

Update Obligations : Qui oriente les marchés obligataires ?

L’année dernière, nous avons constaté que les marchés obligataires n’évoluaient pas de manière isolée. Les événements politiques, notamment en ce qui concerne le président américain Donald Trump, ont régulièrement exercé une influence sur le sentiment du marché.

Les investisseurs ont dû évaluer si la pression politique pourrait à terme affecter la politique de taux d’intérêt. Cette inquiétude remet naturellement en question le rôle et l’indépendance des banques centrales.

Aux États-Unis, cette question est devenue de plus en plus pertinente au fur et à mesure que les discussions relatives à la future politique monétaire se sont intensifiées. Simultanément, la Réserve fédérale a discrètement procédé à la renomination de plusieurs présidents régionaux de la Fed. Alors que cette nouvelle est presque passée inaperçue en dehors du monde financier, elle revêt une importance cruciale au niveau institutionnel. Les décisions de politique monétaire aux États-Unis sont prises par un comité plutôt que par une seule personne, et ces présidents régionaux jouent un rôle essentiel dans ce processus. En renouvelant leur mandat en avance, la Fed a renforcé la continuité et réduit la portée d’une potentielle ingérence politique brutale.

Les récents commentaires de Stephen Miran illustrent à merveille cette dynamique institutionnelle. Miran a été temporairement mis en place par Trump au sein de la Réserve fédérale. Il est un fervent partisan de la politique de Trump et a répété à de multiples reprises que la crédibilité de la banque centrale ne doit pas être compromise. Son message n’était pas politique, mais pragmatique. Alors que certains représentants élus se concentrent souvent sur les résultats économiques à court terme, les banques centrales doivent préserver la stabilité des prix à long terme et la confiance dans la devise. Les tentatives de faire baisser les taux d’intérêt pour des raisons politiques risquent d’avoir des conséquences néfastes si les prévisions d’inflation repartent à la hausse. Un tel scénario ferait augmenter les taux d’intérêt à long terme.

Dans ce contexte, les prévisions de politique monétaire restent relativement stables. Selon la division ABN AMRO Group Economics, la Banque centrale européenne (BCE) devrait maintenir ses taux directeurs inchangés pour le moment. L’inflation dans la zone euro s’est calmée, mais pas suffisamment pour justifier un assouplissement rapide. De son côté, la Réserve fédérale devrait faire baisser progressivement ses taux d’intérêt l’année prochaine de concert avec l’atténuation des pressions inflationnistes et le ralentissement de la croissance économique. Cette différence explique en partie l’écart entre les rendements obligataires des États-Unis et de l’Europe.

Les banques centrales ne sont toutefois qu’une partie de l’équation. Un autre facteur déterminant est l’identité de ceux qui détiennent les obligations d’État. Une récente analyse de la BCE montre que les banques européennes sont redevenues des acheteurs importants de la dette publique, notamment sur les marchés de base, comme l’Allemagne. Les investisseurs étrangers restent également très présents, notamment dans les pays où les rendements sont légèrement plus élevés. Cette base élargie d’investisseurs permet d’absorber d’énormes volumes d’émission et contribue à la stabilité des marchés.

Des changements structurels sont également en cours. Aux Pays-Bas, les fonds de pension apportent des ajustements à leurs portefeuilles à l’occasion de l’introduction de leur nouveau système de pension. Cette transition réduit la nécessité de détenir des obligations à maturité longue pour une simple adéquation des passifs. Par conséquent, certains fonds de pension réduisent progressivement leur exposition à la partie longue de la courbe de rendement. Cette décision n’implique pas une baisse de l’intérêt pour les obligations dans leur ensemble, mais plutôt une modification de la dynamique de la demande.

Ces événements permettent de comprendre pourquoi la pentification de la courbe de rendement pourrait se poursuivre. Autrement dit, les taux d’intérêt à long terme s’apprécient légèrement par rapport aux taux à court terme. Alors que les banques centrales assurent la stabilité des taux à court terme et que la demande pour les obligations à maturité longue se réduit, cette évolution reflète un ajustement de la structure du marché plutôt qu’une nouvelle crise de l’inflation.

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