Update Obligations : Les données justifient le ton belliciste de la Fed, pour le moment

L’économie américaine a affiché une résilience beaucoup plus forte que prévu cette année, surmontant avec brio l’obstacle des barrières tarifaires. L’incertitude pourrait toutefois revenir au galop en raison du scepticisme de la Cour suprême des États-Unis à l’égard de l’utilisation à grande échelle de l’arme des tarifs douaniers par Donald Trump.
Un tremblement de terre sur les marchés ne semble toutefois pas à l’ordre du jour pour le moment, car l’administration Trump dispose de plusieurs instruments lui permettant de maintenir les droits de douane actuels.
Malgré la solidité de l’économie, la croissance de l’emploi est à la peine cette année. Le chômage n’a pas encore augmenté pour le moment, grâce aux entreprises qui ne licencient pas trop de personnes et à la répression de l’immigration mise en place par l’administration Trump. Mais dans ce contexte, le marché du travail semble être le principal facteur de risque pour l’économie américaine.
Malheureusement, le principal outil pour évaluer le marché du travail a été suspendu à cause du shutdown du gouvernement américain. Sans les données officielles sur l’emploi, les investisseurs doivent se contenter des informations du secteur privé, comme l’enquête ADP sur l’emploi d’octobre, qui a affiché des résultats positifs. Ces données ont tendance à être volatiles, mais les chiffres positifs sont les bienvenus après deux mois de croissance négative de l’emploi.
En outre, les données ISM ont été publiées cette semaine. L’indice manufacturier est resté faible, mais pas plus que pour le reste de l’année, et l’indice des services a renoué avec la croissance. Néanmoins, la composante « prix à payer » (un indicateur clé pour l’inflation) s’est appréciée alors que les observateurs s’attendaient à une baisse. Si elles sont publiées, les investisseurs seront particulièrement attentifs aux données d’inflation d’octobre. Elles devaient être publiées la semaine prochaine, mais elles sont susceptibles d’être reportées à cause du shutdown du gouvernement.
Bien que le président de la Réserve fédérale Jerome Powell ait calmé les attentes des investisseurs quant à une nouvelle baisse de taux en décembre, le marché continue de prévoir une baisse. Étant donné que les données ADP et ISM peuvent justifier une attitude belliciste de Powell, les rendements des bons du Trésor américain sont repartis à la hausse mercredi. La progression a cependant été limitée, car les données du cabinet d’outplacement Challenger, Gray & Christmas ont montré un nombre record de suppressions d’emplois pour un mois d’octobre au cours des vingt dernières années. Le ton restrictif de Powell pourrait dès lors être justifié sur la base de l’évolution du marché pour le moment.
Dans l’ensemble, les rendements ont affiché une légère hausse cette semaine, alors que les spreads de crédit se sont légèrement écartés à cause du sentiment vendeur généralisé qui pèse sur les marchés. À l’avenir, nous anticipons une pentification des courbes de taux, le segment court étant soutenu par les banques centrales, tandis que le segment long subit la pression liée à une inflation supérieure à l’objectif aux États-Unis et à une augmentation de l’offre obligataire en Allemagne. Les spreads de crédit restent très chers. Les spreads devraient faire du surplace, et s’écarter largement en cas de mauvaises nouvelles économiques. Ce scénario serait particulièrement probable pour les spreads des obligations d’entreprise du haut rendement.