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Update Obligations : Les États-Unis sont-ils un ami ou une menace ?

Les investisseurs en obligations éprouvent les pires difficultés à évaluer les politiques que le président américain Donald Trump est susceptible d’adopter ou de ne pas adopter. Les rendements ont évolué à la hausse ou à la baisse à chaque nouvelle en matière de barrières tarifaires, mais la visibilité reste faible ou inexistante en ce qui concerne le dénouement final et son impact sur la croissance et l’inflation.

Les chiffres de cette semaine ont largement confirmé que l’inflation américaine est persistante et qu’elle est peut-être même en train d’accélérer, alors que les chiffres précédents ont affiché une nouvelle baisse du chômage. Étant donné que la Réserve fédérale américaine doit naviguer dans ces eaux troubles, il n’est pas étonnant que le président de la Fed Jerome Powell annonce qu’il n’y a aucune urgence à baisser les taux. De plus, la probabilité qu’il doive à terme adopter d’abord une hausse plutôt qu’une baisse est également en train d’augmenter.

L’Europe semble être la prochaine cible des barrières tarifaires. Dans ce contexte, tout le monde est monté au créneau alors que l’Allemagne et la France devront encore attendre des mois avant de retrouver (ou pas) un gouvernement stable. En fin de compte, la pression sera une fois de plus mise sur les épaules de la Banque centrale européenne (BCE) pour la gestion de cette crise. Celle-ci est peut-être même amplifiée par les problèmes liés au climat international, à l’énergie et à la défense. La BCE pourrait dès lors adopter des baisses de taux plus importantes que prévu par de nombreux observateurs au cours de la seconde moitié de cette année.

Alors que la situation reste incertaine et volatile, il reste probable que les taux d’intérêt européens affichent une baisse avec la hausse des menaces. De leur côté, les taux d’intérêt américains pourraient même afficher une hausse. La différence entre les taux d’intérêt européens et américains devrait augmenter significativement cette année.

Les investisseurs en obligations européennes devraient dès lors être attentifs avant d’acheter des obligations libellées en dollars US, ce qui comprend également la plupart du haut rendement et des marchés obligataires émergents. Ces obligations risquées libellées en dollars US ne devraient pas bénéficier de la baisse des rendements européens, contrairement aux obligations européennes de la catégorie « investment grade ».

Si le spread entre les rendements européens et américains augmente de 0,5 à 1 %, comme nous le prévoyons, la performance des obligations risquées libellées en dollars US devrait être désavantagée à hauteur de 2,5 à 5 %. Dans un tel contexte, l’avantage lié aux rendements plus élevés serait supprimé, même avant la prise en compte de la couverture de la devise (aux alentours de 2 %) ou des défauts (1 à 2 %). Cette situation pourrait même s’aggraver si les spreads augmentent dans un scénario de récession (non prévu). Nous privilégions dès lors fortement les obligations européennes de bonne qualité de la catégorie « investment grade » au détriment des obligations libellées en dollars US, en raison de l’incertitude qui y est associée.

Chris Huijs

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