Update Obligations : (In)stabilité financière sur le marché américain ?

La volatilité sur les marchés financiers est restée extrêmement élevée cette semaine. La panique sur le marché des bons du Trésor américain est intéressante à analyser.
Dans un premier temps, les flux vers les valeurs refuges ont fait baisser les rendements après les annonces de barrières tarifaires de Trump le « Jour de la libération ». Mais cette semaine, les rendements se sont ensuite inversés en raison de la baisse phénoménale de flux vers les valeurs refuges. Mercredi, la hausse des rendements a été particulièrement violente pour les obligations à maturité plus longue. Cette panique du marché risque de créer de l’instabilité financière. Ce facteur a probablement été essentiel dans la décision de Trump de changer son fusil d’épaule et d’adopter une pause des tarifs douaniers « réciproques » en les baissant à 10 % pour tous les pays sauf la Chine. Le fait que Trump s’est arrêté avant de basculer dans l’instabilité financière est un signe positif, ce qui permet d’écarter les pires scénarios.
La hausse des rendements des bons du Trésor américain a probablement été causée par une combinaison de facteurs. Ceux-ci incluent un rebond à la suite d’une dégringolade, en plus des inquiétudes d’une inflation plus élevée. Le sentiment s’est également dégradé, ce qui a été illustré par la faible émission de bons du Trésor américain à 3 ans mardi. De plus, les fonds spéculatifs ont probablement été obligés de déboucler des positions à fort effet de levier. Cerise sur le gâteau, des rumeurs indiquant des ventes massives étrangères ont circulé. En effet, la Chine pourrait vendre des bons du Trésor américain en réaction à l’escalade de la guerre commerciale. Autrement dit, le risque d’instabilité financière ne s’est pas totalement dissipé, mais nous remarquons que la situation reste extrêmement spéculative.
Les marchés financiers ont réagi positivement à la pause des droits de douane « réciproques » de Trump. Les spreads de crédit ont ainsi effacé une partie de leur élargissement constaté depuis le « Jour de la libération ». Les rendements des Bunds se sont appréciés et le segment long de la courbe (10 ans et plus) est revenu à des niveaux similaires à la période précédant le « Jour de la libération ». Les rendements à court terme restent plus faibles, car la probabilité que la Banque centrale européenne poursuive sa politique d’assouplissement est maintenant plus élevée qu’auparavant. La courbe des Bunds s’est encore plus pentifiée, renforçant la tendance déjà constatée depuis le virage à 180° adopté par l’Allemagne en matière de politique budgétaire.
La situation macroéconomique semble beaucoup plus favorable après la volte-face de Trump mercredi. Néanmoins, nous continuons de vivre dans un contexte d’escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et de barrières tarifaires à 10 % sur tous les autres pays. Un ralentissement de la croissance est inévitable. Et pour finir en beauté, le risque de récession (ou même de stagflation aux États-Unis) ne peut être écarté. Par conséquent, nous préférons attendre que les spreads augmentent encore plus avant de clôturer notre position sous-pondérée en risque de crédit, et nous continuons de privilégier les obligations de qualité libellées en euros pour le moment.