Update Obligations : D’une overdose d’économies à une overdose d’obligations

Au cours des six derniers mois, et hormis le 2 avril lorsque le président américain Donald Trump a annoncé son programme de tarifs douaniers, les bons du Trésor américain à dix ans ont seulement fluctué d’environ 50 points de base. Il s’agit d’une fourchette relativement étroite au vu du nombre important d’incertitudes du marché.
Bien que les tendances sous-jacentes restent incertaines à cause des tarifs douaniers, des menaces de Trump de désigner un nouveau président de la Fed, des craintes liées à la soutenabilité de la dette et des pratiques migratoires américaines préoccupantes, les marchés misent presque sur un scénario « boucle d’or », car les données publiées confirment que tout se passe bien.
En Europe, les récentes données semblent également confirmer les prévisions des responsables de la banque centrale européenne de juin, à savoir que la croissance est résiliente et que la désinflation se poursuit. Cela étant dit, les tensions commerciales en cours présentent des risques à la baisse significatifs susceptibles de compromettre ces prévisions.
La soutenabilité de la dette reste également un sujet de marché. Les élections à la chambre haute du Japon de ce week-end sont susceptibles d’exercer une influence sur le marché des obligations d’État japonais. Les partis politiques militent pour un renforcement du soutien budgétaire. Les taux réels négatifs commencent à devenir de moins en moins populaires et ils font grimper les prix et l’inflation. Il s’agit de l’une des questions majeures des élections. Les élections peuvent être considérées comme une volonté de redistribution des richesses du gouvernement vers les ménages, ce qui mènera à une hausse de la dette gouvernementale. Le Japon s’est engagé pleinement dans cette voie au cours des 12 dernières années, mais la tendance s’est interrompue dernièrement.
Cette poussée du populisme (pour remporter les élections) est susceptible d’impacter les marchés des obligations d’État, car elle s’inscrit dans le glissement général d’un surplus d’économies à un surplus d’obligations. L’objectif est que ces injections fiscales génèrent de la croissance (à distinguer de la productivité, qui constitue le vrai moteur de l’économie) et limitent les effets de l’inflation. Le parallèle le plus immédiat se situe sans doute avec les États-Unis, dont l’administration s’est lancée dans une tentative de répression des partenaires commerciaux par le biais de barrières tarifaires et de répression des taux réels (en mettant la pression sur la Fed pour baisser les taux) afin d’améliorer la position budgétaire des États-Unis.
À la fois les États-Unis et le Japon essaient de réduire leurs émissions d’obligations à long terme tout en privilégiant les obligations à court terme pour assurer la continuité du financement. Actuellement, l’espoir d’un soutien budgétaire à plus long terme pour la croissance (à l’échelle internationale) joue en faveur du scénario économique « boucle d’or ». Certains investisseurs ne sont pas de cet avis. Nous continuons de privilégier une sélection d’obligations de bonne qualité tout en évitant les obligations à maturité plus longue.