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Dilemme d’investissement : qu’en est-il des matières premières dans la transition énergétique ?

Dilemme d’investissement
ABN AMRO

En matière d’investissement ESG1, tout n’est pas forcément blanc ou noir. Dans cette section, nous étudions des exemples concrets de dilemmes d’investissement du point de vue ESG. Cette fois-ci, nous nous penchons sur les défis liés à la production des matières premières nécessaires à la transition énergétique. 

1ESG signifie Environnement, Société et Gouvernance. Il s’agit des critères d’investissement liés à l’environnement, la société et la gouvernance d’entreprise.

L’abandon définitif des énergies polluantes passe par des volumes colossaux de matières premières qui servent à l’électrification et la production d’énergie propre. Or une grande partie des matières premières nécessaires à la transition énergétique sont importées de l’étranger. La Chine, par exemple, contrôle 80 % de la production mondiale de terres rares et produit 75 % de toutes les batteries au lithium équipant les véhicules électriques. 

En raison des tensions géopolitiques et des perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales, les autorités européennes sont en train de repenser leur dépendance à l’égard d’autres pays en matière de matières premières. L’Europe aura besoin de retrouver sa souveraineté en diversifiant ses sources d’approvisionnement en matières premières critiques et en développant ses propres ressources minérales. Mais elle est confrontée à un dilemme : pour atteindre la neutralité carbone sans être trop dépendante des autres pays, elle devra rapatrier les activités minières sur son territoire (« reshoring ») au prix d’une augmentation du risque ESG. 

Prenons l’exemple du lithium : l’année dernière, l’entreprise française Imerys a annoncé qu’elle allait commencer à exploiter le lithium en France. Ce projet est l’un des plus grands programmes d’extraction de lithium en Europe à ce jour. D’ici quelques années, il permettra de produire 700 000 batteries de véhicules électriques par an, avec à la clé une diminution considérable des importations du fameux « or blanc ». Cependant, le « reshoring » des activités minières accroît également le risque de voir surgir des problèmes liés aux facteurs ESG plus près de chez soi, tels que l’épuisement des ressources en eau et la pollution atmosphérique. 

Pour autant, devrions-nous refuser aux compagnies minières d’extraire des matières premières sur notre continent tout en continuant à importer des matières premières de régions qui n’ont peut-être pas adopté autant de mesures visant à respecter l’environnement ? Au lieu de dépendre d’exploitations minières étrangères sur lesquelles nous avons relativement peu d’influence, nous pourrions réfléchir aux avantages environnementaux à long terme d’un « reshoring » de ces activités en Europe. Mais il faudrait pour cela accepter qu’à court terme, ces projets entraînent des risques ESG plus élevés en Europe. L’UE, qui élabore déjà un cadre réglementaire solide pour la durabilité des entreprises, avec les investisseurs sensibilisés aux critères ESG, pourraient encourager les entreprises à adopter des techniques d’exploitation minière moins agressives pour l’environnement.

Sandra Saïdi - Portfolio Manager Sustainable Equities

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Dilemme d’investissement
Banking for better
Action climatique
Durabilité
ESG

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Cet article est issu de notre magazine Investing for Better consacré à la démondialisation. Vous souhaitez en savoir plus à ce sujet ?