Update Obligations : Des baisses de taux plus probables en Europe qu’aux États-Unis

Dans la dynamique économique actuelle, la Banque centrale européenne (BCE) poursuit ses baisses de taux, tandis que la Réserve fédérale américaine (Fed) les retarde et les laisse dépendre de l'évolution de la situation économique.
Les bons du Trésor américain à dix ans affichent actuellement un rendement autour de 4,5 % alors que celui du Bund allemand évolue aux alentours de 2,55 %. L’environnement de faibles taux d’intérêt et la période d’assouplissement quantitatif (pendant laquelle les banques centrales achètent de grandes quantités d’obligations) que nous avons connus après la crise financière de 2008 et en raison de la pandémie font partie du passé. Ces événements ont mené, directement ou indirectement, à une hausse de l’inflation. Les banques centrales ont ensuite agressivement adopté des hausses de leurs taux directeurs pour ralentir les hausses rapides des prix. Ces décisions ont exercé une influence sur la croissance économique, même si des différences ont été constatées aux États-Unis et en Europe.
À l’occasion de la réunion des décideurs de la Fed de cette semaine, le président de la Réserve fédérale Jerome Powell a annoncé une pause dans les baisses de taux. Les prochaines décisions sur les taux dépendront des signes de désinflation (qui reste prévue par la Fed) et d’un éventuel ralentissement du marché du travail américain. La Fed poursuivra son resserrement monétaire, car les réserves bancaires américaines restent trop élevées. Powell a déclaré qu’il était trop tôt pour modifier la politique monétaire avant certaines modifications éventuelles à venir des politiques commerciales et budgétaires (notamment liées à des décisions prises par l’administration Trump).
Ce positionnement n’a pas surpris les investisseurs, mais il confirme au moins provisoirement que la Fed ne se trouve plus sur une trajectoire d’assouplissement actif. Nous prévoyons deux nouvelles baisses de 25 points de base chacune lors des réunions de mars et de juin de la Fed, même si ce scénario est susceptible d’être perçu comme agressif après les remarques de Powell.
En Europe, nous prévoyons que la Banque centrale européenne (BCE) poursuivra son cycle d’assouplissement lors du premier trimestre de 2025, même après avoir adopté une baisse de taux de 25 points de base cette semaine. Nous estimons que l’objectif d’inflation de 2 % pourrait être atteint de manière durable en avril, dans un contexte de faible baisse du marché du travail de la zone euro. En raison des incertitudes relatives aux barrières tarifaires américaines, une pause en avril est toutefois probable. Si les potentielles barrières tarifaires exercent un impact sur la croissance et l’inflation, la BCE pourrait reprendre son cycle d’assouplissement lors de sa réunion de juin et adopter des baisses de taux plus importantes que celles que les marchés prévoient actuellement, et ce, jusqu’à atteindre un taux de dépôt de 1 % début 2026. Nous pensons que la trajectoire baissière des taux en Europe est inéluctable.
Même si les rendements des obligations des marchés émergents et du haut rendement sont intéressants, nous restons prudents en raison des conséquences potentielles des taux d’intérêt élevés sur les actifs risqués et des valorisations qui nous semblent encore trop élevées. Nous privilégions les obligations de bonne qualité, qui offrent des primes de risque intéressantes et qui devraient afficher de bonnes performances, malgré la croissance limitée en Europe.
Roel Barnhoorn