Update Obligations : N’y a-t-il que l’inflation qui compte ?

Les rendements obligataires ont commencé la semaine en poursuivant leur hausse qui avait débuté en décembre de l’année dernière. Cette tendance s’est poursuivie jusque mercredi, lorsque les rendements se sont brutalement écroulés à la suite du rapport d’inflation aux États-Unis.
L’inflation de base américaine a enfin de nouveau baissé pour la première fois depuis juillet, brisant par la même occasion la récente série de données qui augmentait la probabilité d’assister à un scénario de « no landing » aux États-Unis. Ce scénario « sans atterrissage » se caractérise par un maintien de la croissance et de l’inflation, ce qui aurait pour conséquence que la Réserve fédérale ne serait pas en mesure d’adopter de baisses de taux et pourrait même être amenée à afficher une hausse de taux à un certain moment. Une telle situation serait dès lors négative pour les obligations, et également moins positive pour les actifs risqués qu’un scénario dans lequel l’inflation chuterait et la croissance se poursuivrait. Est-ce que les marchés sont dès lors revenus à un point où il n’y a que l’inflation qui compte ?
Dans une certaine mesure, oui. Cette situation peut paraître surprenante avec l’investiture de Trump la semaine prochaine. À en croire la rhétorique de campagne de Trump, nous savons qu’il pourrait se concentrer sur les barrières tarifaires, les impôts et l’immigration. Les investisseurs n’ont toutefois aucun indice à propos de la forme, de l’ampleur et du timing des politiques de l’administration Trump. L’investiture de Trump représente sans aucun doute un facteur incontournable pour les marchés, principalement en raison de l’influence que ses politiques pourraient exercer sur l’inflation. Si l’inflation reste trop élevée, ses politiques pourraient remettre de l’huile sur le feu.
La hausse des rendements des bons du Trésor américain n’a pas été une grande surprise pour nous. Nous affichons une position prudente à l’égard des rendements des bons du Trésor américain en raison de la solidité persistante de l’économie américaine et de l’impact de l’arrivée au pouvoir de Trump. Ce qui nous a toutefois étonnés est la manière avec laquelle les rendements des Bunds ont affiché une hausse presque similaire, ce qui joue en défaveur de notre position longue sur la duration en euros. Même si une hausse des rendements des bons du Trésor américain ajoutera toujours une pression haussière sur les rendements internationaux, nous estimons que l’impact a été exagéré au cours des derniers mois.
En Europe, l’économie est beaucoup plus faible qu’aux États-Unis et la désinflation semble plus assurée. En outre, nous pensons que les barrières tarifaires américaines freineront plutôt la croissance plutôt que de relancer l’inflation européenne. Nous estimons dès lors qu’il reste plus probable que la Banque centrale européenne affiche des baisses de taux plus nombreuses et plus importantes que la Réserve fédérale américaine. De plus, nous restons convaincus que les divergences de politiques monétaires auront à terme pour conséquence de renforcer la différence de rendements entre les bons du Trésor américain et les Bunds. Nous maintenons dès lors notre position longue sur la duration en euros.
Thomas Smid