Update Obligations - Comment les barrières tarifaires orientent-elles les courbes de taux ?

Le président américain Donald Trump a mis sa menace à exécution le week-end dernier en annonçant des barrières tarifaires sur toutes les importations issues du Canada et du Mexique. Les deux pays ont ensuite annoncé presque immédiatement des contre-mesures et Trump a finalement décidé de reporter son idée d’un mois. La menace imminente d’une guerre commerciale ne fait pas seulement peur aux marchés des actions, elle exerce aussi une influence sur les marchés obligataires.
L’une des conséquences directes des potentielles barrières tarifaires est la hausse du coût des importations américaines. Une augmentation des prix des importations compliquerait encore plus la tâche de la Banque centrale américaine dans sa lutte contre l’inflation. La semaine dernière, le Federal Open Market Committee (FOMC) a maintenu ses taux directeurs inchangés après trois baisses consécutives. Le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell a expliqué que les baisses de taux seraient interrompues, sauf en cas de données claires indiquant une baisse de l’inflation ou un ralentissement de l’économie.
La Fed a déjà baissé ses taux de 100 points de base depuis le début de son cycle de baisses en septembre. En parallèle, les rendements des bons du Trésor américain à deux ans ont affiché une hausse de plus de 0,5 pour cent pour s’établir à 4,20 %. Ce niveau élevé des rendements à court terme reflète les inquiétudes du marché à propos de la capacité de la Fed à adopter des baisses de taux dans un contexte d’inflation persistante. Les marchés continuent de prévoir deux baisses de taux supplémentaires cette année.
Depuis la mi-janvier, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a suivi une tendance baissière, atteignant son niveau le plus faible de l’année cette semaine. La hausse des barrières tarifaires est susceptible de ralentir la croissance économique américaine et de potentiellement entraîner la première économie mondiale dans la stagflation. Ces inquiétudes relatives à la croissance exercent une pression baissière sur les rendements à dix ans. Par conséquent, la courbe de rendement des bons du Trésor américain s’aplatit et le spread entre les rendements à deux et à dix ans se rapproche pour atteindre 25 points de base.
Dans la zone euro, l’inflation globale s’est légèrement appréciée en janvier, dépassant les prévisions du consensus. L’inflation de base est restée stable à 2,7 %, ce qui reste trop élevé par rapport à l’objectif de la Banque centrale européenne (BCE). Néanmoins, nous ne pensons pas que la BCE interrompra son cycle de baisses de taux. Les rendements européens à court terme sont en baisse, car les marchés prévoient de nouvelles baisses de taux. Bien que les rendements sur le long terme soient également affectés par l’incertitude relative aux potentielles barrières tarifaires américaines, la courbe de rendement européenne se raidit sous l’impulsion de la baisse des rendements à court terme.
Peter Bossaer