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TableTalks : 9 questions à Eric Domb, CEO de Pairi Daiza

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Faut-il vraiment encore présenter Pairi Daiza ? Ce parc collectionne en effet les récompenses depuis plusieurs années et attire toujours plus d’amoureux des animaux et de la nature. Élu meilleur zoo d’Europe, Pairi Daiza est un parc zoologique de plus de 70 hectares situé dans la province du Hainaut. À sa tête, Eric Domb, un entrepreneur engagé depuis de nombreuses années dans le développement durable.

En résumé

  • Nous avons posé 9 questions à Eric Domb sur sa vision de la durabilité.
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Je crois très fort en l’exemplarité

Pourquoi la durabilité est-elle importante pour vous ?

Mon métier, c’est d’être jardinier. Je crée des jardins dans lesquels j’accueille des animaux, des plantes, de l’architecture. Lorsque vous aimez les jardins et créez de tels projets, le caractère durable tombe sous le sens. Il s’agit d’une démarche tout à fait naturelle lorsque vous aimez la vie et que vous voulez que votre jardin puisse se développer d’année en année.

Quel est aujourd’hui votre plus grand défi sur la voie de la durabilité ?

Pairi Daiza est aujourd’hui l’un des plus grands jardins zoologiques au monde. Nous accueillons des animaux des quatre coins de monde, et cet accueil demande des besoins en énergie gigantesques. Voilà le paradoxe de Pairi Daiza : c’est à la fois un jardin, mais aussi une industrie, quand on considère les consommations d’énergie nécessaires. Nous hébergeons de nombreux animaux extrêmement rares. Leur accueil dans de bonnes conditions demande énormément de ressources.

Il serait contradictoire de promouvoir la protection de la nature et de consommer de l’énergie fossile pour cela. Notre préoccupation actuelle est donc de rendre la production d’énergie nécessaire au développement du parc totalement verte. Nous travaillons actuellement sur un projet ambitieux et compliqué : créer la plus grande serre tropicale au monde. Ce projet se veut totalement autonome sur le plan énergétique. Notre objectif, à court terme, est d’organiser une production d’énergie totalement verte. Et notre ambition est de rendre l’ensemble de Pairi Daiza autonome sur le plan énergétique.

Quels sont, selon vous, les avantages de l'entrepreneuriat durable ?

Cette question, pour moi, a peu de sens. Ce n’est pas en termes d’avantages qu’il faut envisager le développement durable. C’est avant tout une question de citoyenneté, de morale et d’éthique. L'entrepreneuriat durable est une question de conscience et de sens. 33 ans seront nécessaires afin de récupérer l’investissement de Pairi Daiza dans la mise en place d’une énergie 100 % verte. Peu d’entreprises accepteraient de réaliser de tels investissements

Qu’est-ce qui vous a poussé à investir dans la durabilité ?

Rien ne m’a poussé à investir dans la durabilité, car cela a toujours fait partie de moi. La préoccupation pour la durabilité n’est pas quelque chose que vous apprenez à l’université, c’est quelque chose que vous devez vous approprier. Il faut avoir envie de s’investir dans le développement durable.

Les entreprises ne sont pas simplement soumises à des lois et des obligations, ce sont des êtres vivants qui ont une conscience collective. Les entreprises pour qui la durabilité n’est pas une préoccupation ont encore de grands progrès à faire sur le plan du sens. Et la question du sens est centrale dans notre société aujourd’hui.

Quel entrepreneur vous inspire ?

Il n’y a pas d’entrepreneur qui m’inspire vraiment. Ce parc ne ressemble à aucun autre, il n’y a pas eu de modèle pour cela. Il y a néanmoins un personnage de fiction qui m’inspire énormément : le personnage d’une nouvelle de Jean Giono. Il s’agit d’un berger qui, tous les jours, plante les glands qu’il récolte lorsqu’il conduit ses moutons paître. Au cours des années, il va ainsi reboiser toute une partie de sa région. Cette action va avoir un impact incroyable sur l’environnement. Par des gestes très humbles, cet homme transforme donc littéralement une partie de la France.

C’est pour moi le symbole même du vrai héros. Un entrepreneur, c’est quelqu’un qui ne se contente pas d’une situation existante et qui crée quelque chose de nouveau. En agissant de la sorte et en transformant la nature comme il l’a fait, ce berger est finalement déjà un entrepreneur.

De quelle performance durable êtes-vous le plus fier ?

Je ne pense pas avoir accompli quoi que ce soit de particulièrement remarquable, pour être honnête. Néanmoins, un projet intéressant a été initié en Belgique. Je me suis intéressé aux forêts wallonnes, qui commencent elles aussi à souffrir du réchauffement climatique. J’ai contacté l’administration wallonne pour leur proposer, en collaboration avec des scientifiques, de gérer ensemble la forêt de Saint-Michel Freyr. Nous avons signé une convention de la Région wallonne pour pouvoir gérer au mieux cette forêt.

Les universités profitent donc d’un immense laboratoire à ciel ouvert pour étudier, par exemple, l'impact du réchauffement climatique sur les arbres. Si nous parvenons à obtenir dans les années qui viennent des résultats positifs sur la biodiversité locale et sur la gestion durable de cette forêt, nous essaierons alors d’exporter ces solutions.

Quelle importance accordez-vous à la coopération entre partenaires, fournisseurs, investisseurs et clients sur la voie de la durabilité ?

Je suis finalement assez mal placé pour répondre à cette question, parce que je pense que les plus grandes avancées que nous avons réalisées dans le domaine du développement durable sont le résultat de décisions que nous avons prises seuls. Sur le plan des partenariats, nous sommes vraiment au tout début du processus.

Je pense que nous pouvons nous montrer plus utiles par l’exemplarité. À partir du moment où une entreprise reconnue montre qu’elle est capable de digérer financièrement des projets qui ne sont peut-être pas rentables à long terme mais porteurs de sens, cela peut influencer d’autres entrepreneurs sur la même voie. Je crois très fort en l’exemplarité.

Quel conseil donnez-vous aux entreprises/entrepreneurs qui veulent s'engager sur la voie de la durabilité ?

Ceux qui ont réellement une sensibilité environnementale s’engageront eux-même dans cette voie. Ils vont être curieux, se renseigner, se documenter et s’entourer de personnes dont c’est la passion et l’expertise. Je ne pense pas qu’ils aient des conseils à recevoir. Ils feront de toute façon du bon boulot.

Quel livre recommanderiez-vous aux personnes qui souhaitent en savoir plus sur la durabilité/l’entrepreneuriat durable ?

Je ne peux que vous recommander la nouvelle de Jean Giono que j’ai évoquée précédemment, L’homme qui plantait des arbres. S’il ne devait y avoir qu’un seul livre à recommander, ce serait certainement celui-là. Tout le monde devrait le lire, c’est une très belle histoire.

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