Plus aucun animal au sein de la chaîne alimentaire

J’ai toujours été attiré par le thème de la durabilité. À l’époque, j’ai été le premier à me lancer dans l’agriculture biologique en Brabant à l’aide de technologies de pointe. J’ai également créé le premier syndicat agricole, dans le but de produire des aliments durables à un prix honnête. Ce n’est pas tant la durabilité qui a été à la base de la fondation du Boucher Végétarien, mais plutôt le bien-être animal. Nous souhaitions proposer la meilleure alternative possible à la viande animale et nous y sommes parvenus. En 2018, nous avons vendu la société Le Boucher Végétarien à Unilever pour nous lancer dans le développement de Margaret avec Those Vegan Cowboys.

Avec Those Vegan Cowboys, nous tentons de mettre au point une méthode de production de caséine, protéine de fermentation de précision, à partir de matières végétales. Dans le cadre de ce processus, ce sont des micro-organismes qui font le travail de la vache. La caséine est la protéine de lait de vache à partir de laquelle est produit le fromage. Mais plutôt que d’utiliser du lait de vache, nous faisons appel à Margaret, notre vache en inox, qui produit actuellement de la caséine à partir de sucre. La caséine permet de fabriquer du fromage en tous points identique au fromage de vache, mais également de toute autre sorte. Toujours en développement, notre fromage n’est pas encore proposé à la vente. Le processus durera probablement plusieurs années. Nous examinerons ensuite comment obtenir de la caséine à partir d’herbe. À l’avenir, les éleveurs de bétail laitier pourront remplacer leur robot de traite par Margaret, qui « se nourrira » d’herbe. On pourrait résumer en disant que Margaret est la vache du futur.

Il y a, d’une part, le large groupe d’amateurs de produits laitiers et de viande, qu’ils soient végans, végétariens, flexitariens ou carnivores. D’autre part, la viande d’origine végétale et le fromage sans vache constituent d’excellentes alternatives pour les personnes qui craignent de devoir se passer de leur morceau de viande ou de fromage.

Effectivement, nous constatons que Le Boucher Végétarien réalise de bons résultats dans le secteur alimentaire. Burger King propose, par exemple, une version Le Boucher Végétarien de tous ses produits à la carte. En Allemagne, l’enseigne consent également d’importants efforts en ce sens. Résultat : un Long Chicken vendu sur quatre est végétal. C’est de cette façon que nous pouvons réellement avoir un impact. Il s’agit d’une bonne manière de faire découvrir les alternatives végétales au grand public. On observe la même chose chez Domino’s Pizza et Subway. J’aimerais que plus aucun animal ne soit utilisé au sein de la chaîne alimentaire, tout simplement parce que ce n’est pas nécessaire. Je vois que c’est possible et je me bats pour y arriver.

Le hamburger végétal est plus sain que la viande de bœuf. C’est en effet ce qu’a récemment révélé une étude réalisée par une célèbre plateforme de consommateurs. Malheureusement, le titre accrocheur indiquait que les burgers végétariens n’étaient pas encore suffisamment sains. Le reste de l’article précisait toutefois qu’ils sont généralement plus sains que les burgers de bœuf, par exemple. Plus sains et plus durables. En effet, les burgers et saucisses à base de végétaux contiennent souvent deux fois plus de fibres qu’une carotte ou une pomme (5 % vs 2,5 %), tandis que la viande n’en contient pratiquement pas. On peut tirer la même conclusion pour le Nutri-Score, qui reflète la valeur nutritionnelle d’un produit alimentaire. Dans les supermarchés Albert Heijn, par exemple, les chipolatas végétales Terra affichent un score A, bien meilleur que le score D des chipolatas animales AH.

J’espère que nous atteindrons 80 % de la transition protéique d’ici 2050. Personne ne peut prédire l’avenir, mais j’y crois. Les viandes et produits laitiers d’origine animale constituent des alternatives toujours meilleures aux produits animaux. Les consommateurs ont donc la possibilité d’envisager de manière plus positive le retrait des animaux de la chaîne alimentaire. Bien souvent, ils sont désireux de le faire, mais craignent un certain manque ou des carences. De bonnes alternatives permettent néanmoins de laisser place à l’aspect moral : que faisons-nous subir aux animaux et, plus généralement, au monde ? Plus cet aspect moral peut prendre de l’ampleur, plus la pression augmente sur les acteurs qui restent à la traîne. Il n’est pas impossible qu’un beau jour, il ne soit même plus toléré de manger de la viande. En effet, nous n’avons absolument pas besoin de viande. Plus encore, en consommer nuit à notre santé et à notre environnement. Personnellement, je pense qu’il serait beaucoup plus agréable de pouvoir se nourrir sans nœud moral à l’estomac.