Update Obligations : Pari gagnant des États-Unis ?

En juin, les spreads des obligations d’entreprise (à la fois la catégorie « investment grade » et le haut rendement) et de la dette des marchés émergents ont réussi à se rapprocher encore plus. Ce phénomène s’est produit malgré la faiblesse des données économiques américaines. (L’Indice de surprise économique de Citigroup est devenu négatif pour les États-Unis en juin.) Les spreads affichent à présent un niveau inférieur à celui constaté lors du « Liberation Day » et ils se rapprochent de niveaux historiquement bas dans plusieurs segments du marché.
Au même moment, les rendements des bons du Trésor américain ont reculé d’environ 15 points de base sur presque toute la courbe. La faiblesse des données économiques augmente la probabilité d’assister à plus de baisses de taux de la Réserve fédérale cette année. Entre-temps, la partie longue de la courbe n’a pas été impactée par le passage de la « big, beautiful bill » devant la Chambre des représentants et le Sénat, bien qu’elle soit susceptible de mettre à mal la soutenabilité de la dette.
Dans l’ensemble, nous estimons que les marchés ont entièrement anticipé un scénario « boucle d’or », à savoir un contexte macroéconomique marqué par une croissance modérée (peut-être inférieure à son potentiel, mais pas négative), une inflation stable sous contrôle et un chômage faible. Ce scénario est idéal pour les entreprises et les investisseurs.
Il est totalement envisageable, comme l’a montré la dernière publication du rapport sur l’emploi cette semaine qui confirme que le marché du travail reste solide pour le moment. Pourtant, nous pensons que les risques sont élevés. Le ralentissement que nous constatons au travers des données économiques américaines n’est peut-être que le début, puisque certaines entreprises semblent prudentes en termes de dépenses d’investissement et de recrutement et les dépenses du commerce au détail diminuent. Les entreprises semblent absorber l’impact des tarifs douaniers pour le moment, mais un jour ou l’autre, elles devront le répercuter sur les consommateurs par le biais d’une hausse des prix.
Le sentiment des investisseurs a été porté par ce qui est actuellement connu comme étant le « TACO trade » (Trump always chickens out - Trump se dégonfle toujours). Les pics de volatilité pourraient être évités tant que cette doctrine reste d’actualité, même si un regain de volatilité n’est pas exclu à la suite de décisions de l’administration Trump. Selon les rumeurs, les marchés financiers seraient la principale raison pour laquelle le président Donald Trump a commencé à faire des concessions dans son programme de barrières tarifaires. La pause sur les barrières tarifaires dites « réciproques » expire la semaine prochaine, et avec des marchés d’une telle vigueur, Trump pourrait se sentir pousser des ailes pour adopter une position encore plus ferme. Entre-temps, la « big beautiful bill » a été adoptée par le Sénat. Si la Chambre des représentants approuve la version du Sénat, il sera légitime de se demander si la soutenabilité de la dette deviendra à nouveau un problème majeur pour les investisseurs en bons du Trésor américain.